La revente d’un bien immobilier acquis sous la loi Demessine ZRR n’est pas sans effets pour le vendeur comme le futur acquéreur.
Le dossier « Revente Demessine ZRR » apporte au vendeur ainsi qu’au futur acquéreur un éclairage indispensable sur ces questions comptant parmi les plus importantes.
Tous les cas de figure rencontrés à l’occasion d’une revente Demessine ZRR sont traités dans ce dossier avec pour chacun la référence aux textes de loi en vigueur et des cas concrets illustrés.
Acquérir un logement neuf ou en l'état futur d'achèvement ou avoir acquit un logement achevé depuis au moins 15 ans ayant fait l'objet de travaux de réhabilitation.
Le logement devait faire partie d'une résidence de tourisme classée, elle-même située dans :
Le propriétaire devait s'engager à louer le logement nu.
Les revenus tirés de la location devaient être déclarés dans la catégorie des revenus fonciers.
A noter que l'indexation d'une part minoritaire du loyer sur le chiffre d'affaires ne faisait pas obstacle à l'imposition dans la catégorie des revenus fonciers.
Le logement devait être donné en gestion à l’exploitant de la résidence de tourisme pendant une période minimale de 9 années.
La mise en location devait prendre effet dans le mois qui suivait la date d'achèvement de l'immeuble, ou de son acquisition si elle était postérieure.
Le dispositif Demessine ZRR ouvrait droit pour le contribuable à une réduction d’impôt sur le revenu.
A noter que les acquisitions de logements en vue de leur réhabilitation (rendues éligibles à la réduction d’impôt plus tardivement) n’ont connu que l’étalement sur 6 années.
Dans le cadre de la loi Demessine ZRR, l’administration fiscale retenait comme base de calcul:
A noter que cette base servant au calcul de la réduction d’impôt ne devait pas dépasser un plafond, ce dernier était déterminé par l’année de l’investissement et la composition du foyer.
Ainsi, pour les investissements réalisés entre le 1er janvier 1999 et le 31 décembre 2000, la base de calcul de la réduction d’impôt était limitée à un plafond de:
Pour les investissements réalisés entre le 1er janvier 2001 et le 31 décembre 2003, le plafond a été porté à :
Pour les investissements réalisés à compter du 1er janvier 2004, l’article 9 de la Loi de Finances pour 2004 fixe le plafond à :
Enfin, pour les investissements en réhabilitation réalisés entre le 1er janvier 2004 er le 31 décembre 2010, le plafond était de :
En loi Demessine ZRR, la réduction d’impôt s’appliquait soit :
Récupération par le propriétaire du montant de la TVA ayant grevée le prix d’achat du logement, dès lors que ce dernier se situait dans une résidence répondant aux conditions d’imposition à la taxe sur la valeur ajoutée définies au 4° de l’article 261D Code Général des Impôts (BOI 3A-13-91 du 9 juillet 1991).
Application d’une déduction forfaitaire de 6% sur les revenus bruts fonciers représentant l’amortissement de l’immeuble ainsi que les frais de gestion et d’assurance (les primes ayant pour objet de couvrir le risque de loyers impayés en sont exclues).
Il est toutefois précisé que l’article 76 de la Loi de Finances pour 2006 a supprimé la déduction forfaitaire pour les revenus fonciers imposables à compter du 1er janvier 2006.
Quel est le sort de la TVA lors de la mise en vente d’un bien acquis initialement en loi Demessine ZRR ?
Le propriétaire doit-il reverser la TVA perçue lors de l’acquisition du logement ?
Pour toute revente d’un logement acquis en dispositif Demessine ZRR entre un vendeur et un acquéreur assujettis à la TVA (= reprise du bail en cours par le futur acquéreur et loyers soumis à TVA), 3 cas de figures sont possibles :
Préalable: dans le cadre du dispositif Demessine ZRR, la date d’achèvement de la résidence ou du logement détermine le point de départ du délai.
Le Code Général des Impôts prévoit pour ce cas de figure, à l’article 257bis, l’application d’une dispense de reversion de TVA.
Ainsi, bien que mentionnée dans l’acte de vente, la TVA ne sera ni remboursée par le vendeur (TVA définitivement acquise), ni acquittée par l’acquéreur.
A noter que pour toute acquisition d’un bien de moins de 5 ans, l’acquéreur bénéficiera de droits d’enregistrement réduits ou « frais de notaire réduits ».
La récupération de la TVA immobilière dont a bénéficié l’acquéreur du logement en Demessine ZRR est considérée comme définitivement acquise par l’administration fiscale dès lors que le propriétaire justifie de 20 années de détention (les fractions de l’année d’acquisition ainsi que celles de cession sont considérées comme pleines).
Lors de la revente d’un logement de plus de 5 ans acquis en loi Demessine ZRR mais pour lequel l’acquéreur ne peut justifier des 20 années de détention, l’administration fiscale applique une régularisation de TVA immobilière par 20ème de détention.
Exemple: au moment de l’acquisition de son bien en Demessine ZRR pour 100 000 € TTC, l’acquéreur initial a bénéficié de 16 388 € de récupération de TVA (19.6%). Il souhaite aujourd’hui revendre son bien après l’avoir détenu durant 10 années pleines. L’acte de vente devra faire mention de la TVA régularisable, soit dans ce cas un montant de 8 194 € (16 388 € de TVA / 20 années x nombre d’années restantes).
Toutefois, comme dans le cas de la revente d’un logement Demessine ZRR de moins de 5 ans, dès lors que le vendeur et l’acquéreur sont assujettis à la TVA (on parle d’assujettissement à TVA dès lors qu’il y a reprise du bail en cours par le futur acquéreur et loyers soumis à TVA), l’administration fiscale applique de nouveau la règle de la dispense de reversion de TVA (article 257bis du Code Général des Impôts). L’acte de vente du bien acquis en dispositif Demessine ZRR devra faire mention de la TVA qui aurait dû être régularisée (soit 8 194 € dans notre exemple) mais celle-ci ne sera ni remboursée par le vendeur (TVA définitivement acquise), ni acquittée par l’acquéreur.
Concernant les droits d’enregistrements liés à la revente d’un bien de plus de 5 ans, le futur acquéreur devra s’acquitter de droits d’enregistrement pleins.
Après 20 années de détention (par un seul ou plusieurs propriétaires successifs), la revente d’un bien acquis initialement sous le régime Demessine ZRR ne fera plus l’objet de rappel de TVA. L’administration fiscale considèrera en effet la TVA comme définitivement acquise au propriétaire en place du fait de la sortie du champ d’application de la TVA.
Concernant les droits d’enregistrement liés à la revente d’un bien de plus de 20 ans, le futur acquéreur devra s’acquitter de droits d’enregistrement pleins.
Préalable: lorsqu’il a acquis un logement dans le cadre de la loi Demessine ZRR, le contribuable avait la possibilité de bénéficier d’une réduction d’impôt (cf supra : Demessine ZRR : quels avantages ?) L’option pour ce régime de réduction d’impôt se faisait au moment du dépôt de la déclaration d’ensemble des revenus de l’année au titre de laquelle l’activité de location avait effectivement débutée. A noter que ce choix fait par le contribuable était et demeure irrévocable.
A l’occasion de la revente du logement acquis en Demessine ZRR, quel est le sort de l’avantage fiscal ou gain d’impôt dont a bénéficié l’acquéreur ?
Ce cas de figure est prévu à l’article 199 decies E et dispositions de la section 5 DU BOI 5 B-14-06
Conformément aux dispositions en vigueur, toute cession (revente) d’un bien Demessine ZRR avant le terme des 9 années de conservation obligatoire est un motif de reprise des réductions d’impôt pratiquées. Cette règle s’applique dès lors qu’il y a rupture de l’engagement de conservation et ce, même si le futur acquéreur reprend à son profit le bail en cours en vue de sa poursuite. Les modalités de reprise prévoient, pour ce cas de figure, que l’impôt sur le revenu de l’année de revente du bien soit majoré du montant total de la réduction d’impôt obtenue depuis l’origine jusqu’à à la date de cession.
Le redressement par l’administration fiscale intervient dans le délai légal de prescription (3 ans), soit au plus tard avant le 31 décembre de la 3ème année suivant l’évènement ayant entrainé la remise en cause de l’avantage fiscal (la revente).
Exemple: un investisseur célibataire acquiert en 2006 un logement neuf et livré en Demessine ZRR pour lequel il demande à bénéficier de la réduction d’impôt. Le coût de revient total de cette opération s’établit à 80 000 € HT, lui ouvrant droit dès 2007 à une 1ère réduction d’impôt de 2 083 €. Il bénéficie de ce montant de réduction d’impôt jusqu’en 2012, année au cours de laquelle il décide de revendre son bien.
Dès 2013, les services fiscaux seront fondés à réclamer à ce contribuable l’intégralité des réductions d’impôt obtenues jusqu’à la date de revente du logement acquis en Demessine ZRR (soit 2012) au titre d’insuffisance déclarative.
Dans notre exemple, les services fiscaux pourront donc réclamer 12 500 € (2 083 € x 6 années), ce montant venant en majoration de l’imposition des revenus 2012 déclarés en 2013.
A noter que si le contribuable, malgré la revente de son bien, maintient sa réduction d’impôt, il s’expose au complément de droit exigible assorti des pénalités prévues aux articles 1727 (intérêts de retard) et 1758 A du Code Général des Impôts (majoration de droit) et, le cas échéant, à des sanctions fixées à l’article 1729 du même code (de + 40% pour manquement délibéré à 80% en cas de manœuvre frauduleuse ou de dissimulation avérée).
Ces cas sont prévus à la section 4, B, Point 177 du Bulletin Officiel des Impôts 5B 14-06
La cession ou revente d’un logement acquis en Demessine ZRR pendant la période d’engagement de location (9 années) entraine pour le vendeur une remise en cause de l’avantage fiscal obtenu sauf dans 4 cas précis:
Au terme des 9 années de conservation et de location du bien, le propriétaire d’un bien acquis en Demessine ZRR est libéré de ses engagements vis-à-vis de l’administration fiscale. Il pourra donc revendre son bien à tout moment sans remettre en cause l’avantage fiscal dont il a bénéficié.